Une vie, ça se termine un jour ou l’autre, mais une saga ? En 2001, pour la première fois depuis 1768, on se demande si la famille Rabaud ne va pas s’éteindre.
Le Rabot de Louis est l’histoire d’une famille française d’antihéros confrontés à eux-mêmes et à leur quotidien, et trop présents dans la petite Histoire, celle des faits divers : ainsi, on parlera de Saint-Laurent-du-Pont et du Cinq/Sept, de Fréjus et du barrage de Malpasset, du CES Édouard Pailleron et d’un feu de poubelle, des attentats terroristes de Paris, des événements de Charonne, d’un poilu de Verdun, d’un fusillé de la Commune, d’un pilote tué aux 24 heures du Mans et de trains qui déraillent ; on parlera aussi de Sanson le bourreau, de Toulouse-Lautrec, de Joachim Murat, de Nadar, du père Noël. On cherchera une lettre qui tarde et un billet de loterie perdant. On écoutera mille chansons et on lira des magazines pour mieux voyager. On habitera Rouilly-sur-Mer (Normandie), Gagny, Paris et New York, mais trop tard. Comme on va en faire, des choses !
Avec cette famille de plus de soixante éléments sur neuf générations, on ressentira courage, peine, amour, haine. Il y aura de la vie mais des regrets, aussi. Et surtout, on accompagnera Camille, Adolphe, Suzanne, Cécile, Lisa, Lazare, André, Loulou, Jocelyn, Nicolas… et Louis : d’ailleurs, qui était-il, avec son rabot ?
Une histoire étonnante de courages et de peurs.
Préface de SAR le Prince Joachim MURAT
Foisonnante !
Cette chronique familiale articulée autour d’un objet transitionnel, le rabot d’un menuisier, qui passe de main en main au sein d’une même famille sur plusieurs générations est une éblouissante course de relais de deux cents cinquante ans entre Rouilly-sur-Mer et New York via Paris et Gagny.
Du Second Empire aux attentats du 11 septembre, Suzanne, Louis, Lazare, Marcel, Cécile, Lisa et soixante autres membres de la famille Rabaud nous font retraverser l’Histoire, notre histoire. Surprenant almanach d’une érudition impress
ionnante, le livre-saga de Thierry Brayer nous fait vivre les grands et les petits événements de l’Histoire comme s’ils avaient été notre quotidien : le coup d’État de Napoléon III, la guerre franco-prussienne, la Commune, les deux guerres mondiales, Alfred Dreyfus, la Bande à Bonnot, l’Indochine, l’Algérie, le premier homme sur la Lune, le French Cancan, Michael Jackson, la naissance du cinéma, les Tontons Flingueurs, Star Wars, etc.
C’est avec une formidable bonne humeur et une écriture enlevée que Thierry Brayer nous immerge dans la vie des Rabaud au rythme des chansons populaires et des péripéties des deux derniers siècles. Son immense talent est de faire de l’Histoire autre chose qu’une simple rétrospective d’événements passés, mais bien une expérience vécue.
Le choix du Rabot est parfait, outil d’artisan et de créateur comme une allégorie du stylo pour Thierry Brayer, cet infatigable façonneur de mots. Ce rabot qui, copeau après copeau, fabrique les poutres qui nous abritent comme les meubles dans lesquels nous vivons, symbole parfait du quotidien, mais également instrument qui crée des structures, des charpentes qui passent les années et les siècles. Le rabot devenu ici nom de famille est l’illustration idéale de ce lien transgénérationnel qui soude les morts, les vivants et les à venir, qui transcende l’individu permettant que l’ensemble des femmes et des hommes forment une humanité et non pas un troupeau.
Savoir d’où l’on vient ne permet certainement pas de savoir où l’on va. Mais cela permet de nous positionner dans le présent. Thierry Brayer m’a fait l’amitié de me demander de rédiger la préface de son livre, car il sait le rôle qu’a joué la figure du Maréchal Murat dans ma construction personnelle. Pour chacun d’entre nous, l’héritage socioculturel que nous recevons des générations précédentes détermine une part importante de notre identité individuelle et de sa compréhension. Il n’est nul besoin d’un nom illustre pour cela : que l’on décide de s’inscrire dans la continuation d’un héritage, de s’en éloigner ou de l’ignorer complètement pour en créer un nouveau, nous restons tous les héritiers de figures de nos romans familiaux respectifs. Ce que nous faisons de chacun de nos héritages produira toujours un effet structurant sur les générations futures, à quelque échelle que cela soit. Nous sommes, individuellement comme collectivement, mais surtout quotidiennement, cocréateurs avec nos ancêtres du destin du monde. C’est tout simplement cette magnifique part de notre humanité que fait vivre avec talent ce « Rabot de Louis ».
SAR le Prince Joachim Murat
Lisez les premières pages !
Le temps du préambule : 1862
– Papa ? Pourquoi tu ne bouges pas ? Tu joues ?
Non. Georges ne joue pas. Allongé, il regarde les étoiles, celles que son esprit invente, et ne cligne presque plus des yeux. Il est attiré ; il va partir ; il part ; il est parti…
-Papa ? insiste Nicolas, son fils, déjà quatorze ans.
Aujourd’hui, 1er janvier 1862, pour la bonne et nouvelle année, Georges Rabot vient de se prendre un chêne sur la tête et il en est mort : il avait mal calculé la trajectoire de la chute de l’arbre. Ce sera le dernier des Rabot inhumé au cimetière du village. Le grand-père de Nicolas, Lazare Rabot, y séjourne depuis le 29 juillet 1830, jour où il s’est pris un chêne sur la tête, lui aussi…
À Rouilly-sur-Mer dans ce hameau de rien du tout au sud de Granville, dans le département de la Manche, en Normandie, il doit y avoir deux ou trois maisons et quelques hangars organisés autour d’une route qui va à la mer et d’une autre qui va à la ville. Au centre trône une église mal entretenue qui honore saint Gaud avec sur le fronton : le bienheureux saint Gaud guérit de tous les maux. Devant se pose la place éponyme où se retrouve une population éparse le dimanche matin quand il ne fait pas trop pluie, pas trop vent. Mariages, baptêmes, enterrements, communions et messes sont les principales distractions et il n’y a même pas de vrai bistrot pour y boire ensuite le cidre que les fermiers d’ici produisent. Quand on a soif, on va chez l’un, on va chez l’autre et l’on ragote, on bigote, on dénigre, on médit, on répète, on déforme, mais jamais on ne ment !
La fluette rivière du coin, le Mesnil, se jette tout près du port de pêche ridiculement petit : c’est plutôt une sorte de grève plus ou moins longue suivant la marée, mais qui donne du travail aux hommes et de la peur aux femmes, quand la Manche s’énerve. Ici, tous sont pêcheurs ou — et — paysans, sauf les Rabot qui sont menuisiers de père en fils.
Et tout autour, dans la campagne plus à l’est, il n’y a que des pommeraies à fleurs et à fruits, et des vaches bicolores à perte d’espoir d’y voir autre chose un jour, sauf si l’on se décidait à prendre son destin en main et en cœur, pour bousculer les Écritures. Mais Rouilly-sur-Mer ne représente qu’une petite tête d’épingle de couturière sur une grande carte de France pas encore complétement dessinée. C’est un village, comme il doit en exister des centaines, des milliers. C’est un village de Français venus de nulle part qui y vivront et y mourront, dans une évidente logique que l’on appelle la routine, la coutume, les habitudes, que l’on appelle la vie, à tort ou à raison. C’est un village où ses habitants n’oseront jamais défier le cours du temps qui doit aller là où c’est prévu d’aller, comme le Mesnil qui n’a d’autre choix que de se verser dans la Manche.
Pourtant, il y a d’autres mers, non ?
Le temps de Nicolas et Lucienne : 1848-1878
Louis-Philippe était encore Ier quand Nicolas Rabaud est né le 23 février 1848. Le lendemain, ce roi des Français n’était plus que le roi de sa famille, remplacé quasi immédiatement par Louis-Napoléon Bonaparte, premier président de la République française, bien que celle-ci fût la seconde du nom. Nicolas est le fils du menuisier Georges Rabot, lui-même fils de Lazare Rabot, menuisier tout autant. L’Histoire n’a rien retenu de particulier sur ce gamin, hormis quelques mots sur un registre d’état civil qui a enregistré sa naissance sous le nom de Rabaud au lieu de Rabot à cause d’un employé qui abusa la nuit précédente de cidre et de Calvados. En tout état de cause, la nouvelle famille Rabaud est née ce jour-là. Et si on veut en savoir plus, sans doute faudra-t-il fouiller dans des archives ou dans de très vieux livres.
Quelque quatorze années vont alors défiler presque trop rapidement jusqu’au jour fatidique de la mort de son père, ce jour où Nicolas va devenir subitement adulte. Pourtant, il va s’en passer entre temps des choses, des événements, des banalités…
Alors, les années passent, presque trop scolairement : en 1849, on imprime le premier timbre postal, mais Nicolas ne sait pas écrire, à peine parle-t-il, et puis, à qui pourrait-il envoyer des lettres hors de Rouilly ? En 1850, on crée la Sacem pour les auteurs, les compositeurs et les éditeurs de musique, mais personne ne chante quoi que ce soit à Nicolas qui mérite d’être protégé. En 1851, Louis-Napoléon Bonaparte impose ses volontés par un coup d’État au contraire de Nicolas qui ne la ramène pas devant son père, plutôt autoritaire et peu avare de taloches s’il ne file pas droit. C’est qu’il est dur le père Rabot ! En 1852, L.-N. Bonaparte devient numéro trois et on crée le bagne de Cayenne : Nicolas file de plus en plus droit. En 1853, si Napoléon III se marie avec la comtesse espagnole Eugénie de Montijo, Georges espère pour Nicolas que madame Draulin, la voisine récemment mariée, accouchera d’une fille. En 1854, l’Empereur continue sa guerre en Crimée alors que Nicolas fait la paix avec son destin : l’enfant de la voisine est une Lucienne. En 1855, Nicolas alterne les semaines entre la communale et l’atelier de son père qui veut lui apprendre son métier le plus tôt possible. Nicolas aimerait bien aller plus souvent à l’école, mais Georges ne l’entend pas ainsi :
– Ça n’sert à rien les livres. C’est les outils qui sont importants, t’entends l’gamin ?
Il entend.
En 1856, Baudelaire plante ses Fleurs du Mal dans l’esprit de ses lecteurs, mais Nicolas n’a pas le droit d’en faire partie sans risquer les foudres de son père : de toute façon, ce n’est pas de son âge. D’ailleurs, en 1857, on condamne Gustave Flaubert pour outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs, après la publication de Madame Bovary : Georges aurait-il raison ? En 1858, Bernadette Soubirous aperçoit dix-huit fois la Vierge, mais Nicolas lui ne regarde que Lucienne qui tarde à grandir : elle a toujours cinq ans de moins que lui et cela risque d’être définitif ! En 1859, Nicolas se prend une de ces raclées monumentales parce qu’il a abîmé un rabot, visiblement ancien, en le faisant tomber violemment après s’être blessé. En 1860, l’urbaniste et préfet Georges Eugène Haussmann agrandit Paris avec pas moins de huit arrondissements nouveaux, dont La Villette, là où l’on va commencer à trancher cochons et bœufs, et Auteuil, Neuilly, Passy… La France aussi s’agrandit en 1861 avec le Comté de Nice et le Duché de Savoie : Nicolas ne sait pas où cela se trouve, d’autant qu’il ne va plus à l’école, par le dictat de son père.
Et donc, le 1er janvier 1862, Georges Rabot se meurt, Georges Rabot est mort.
Nicolas va continuer sa vie près de sa mère Charlotte. Seulement, en quatorze ans, on ne l’a pas entendue et cela va continuer ainsi. Sans doute a-t-elle des choses à dire, mais elle ne dira rien.
Jamais.
Nicolas reprend alors la florissante menuiserie familiale dont il a hérité ainsi que tout le matériel et un certain nombre d’objets, comme la montre de gousset de son père Georges pour lui rappeler que le temps passe et qu’il serait bon de ne pas trop traîner si on ne veut pas décevoir le client. Il récupère aussi un rabot parmi tous les rabots, ce fameux rabot qu’il cassa et qui le blessa, et qui appartint à son grand-père Lazare : il est facile à reconnaître, car y est gravée une fleur de lys que le temps et peut-être l’homme ont érodée. Et tous les jours que Dieu propose, Nicolas Rabaud rabote : la coïncidence entre son nom et son métier n’en est évidemment pas une ! Son fils, s’il en a un, fera de même. C’est écrit on ne sait où, mais c’est écrit, peut-être sur le sable de la plage que les marées n’arrivent à effacer, comme il est écrit qu’il se mariera avec ladite Lucienne, autant par amour que par pragmatisme : il n’y a qu’elle aux alentours.
Ce profil de vie est commun : on vit ici ; on travaille ici ; on se marie ici et on meurt là ; pas très loin d’ici. Et puis c’est tout ! C’est une sorte d’héritage, de patrimoine qu’on reçoit, c’est génétique… Georges Rabot s’était marié avec Charlotte Valentin, une femme d’ici et son père, Lazare Rabot, avec Léopoldine Martinet, une femme d’ici, décédée depuis des lustres d’avoir trop lavé, nettoyé, torché, rangé, cuisiné… Et chaque fils a repris le métier du père, c’est a priori obligatoire et tellement plus simple ! Pourquoi cette banalité, cette facilité ? Parce que c’est comme ça ! Et après tout, pourquoi n’auraient-ils pas raison de vivre ainsi et de respecter la coutume tacitement ?
– Trouve-toi vite une femme, Nicolas ! Y en a pas des tonnes ici ! Et pis travaille, qu’elle s’occupe bien des enfants ! lui avait dit son père, jadis et aussi naguère.
Vite ! Vite ! Mais Lucienne l’unique n’a que neuf ans quand même ! C’est à elle de se dépêcher !
Du haut de son enfance qui se termine prématurément, Nicolas ne réfléchit pas et obéit à l’évidence tout en modelant le bois des arbres qu’il fait abattre par d’autres, par prudence et intelligence. Pourtant, si un jour, avant qu’elle n’ait vingt et un ans, Lucienne se prenait, non pas un chêne sur la tête, mais un coup de vraie foudre lorsque la tempête est au plus fort en Normandie et que la grève est recouverte par des paquets de mer. Si un de ces prochains jours, elle tombait dans le puits à eau quasi potable de la place de l’église, ou si elle mourait de jeunesse, car la mortalité est forte autant que la santé est fragile… Bref, si Lucienne n’atteignait jamais sa majorité, qu’adviendrait-il de cette histoire, et donc, de Nicolas ? Ce serait une autre histoire et l’arbre généalogique pousserait et grandirait tout de même, mais avec des branches différentes et des fruits autres que des pommes. Une belle descendance sûrement, une belle histoire…
Malheureusement, Lucienne ne mourra pas.
Il faudra donc que Nicolas attende au moins dix ans pour l’épouser et l’engrosser. Pour le moment, Nicolas crée toujours des meubles. Ailleurs, on crée la Société Générale pour favoriser le développement du commerce et de l’industrie en France ; on crée le chèque bancaire ; on crée le statut de société anonyme pour les capitalistes ; on crée la photo en couleur ; on crée la guerre contre la Prusse ; on crée la défaite contre la Prusse, et pour finir, on crée la Troisième République avec à sa tête Adolphe Thiers. On crée beaucoup de malheurs et de peines aussi.
Dix ans, ce n’est pas rien ! Nicolas va les vivre au plus près de sa mère, Charlotte, mutique comme une chapelle abandonnée. Pas de frère, pas de sœur, presque pas d’amis, pas de chien, pas d’espoirs, Nicolas est déjà vieux… Son intelligence a été amoindrie par son manque d’érudition et il ne sait rien faire d’autre que couper, scier, raboter, limer et attendre que tout se mette en place tel que c’est prévu.
Même rêver, il ne sait pas !
Ce n’est pas qu’il n’a pas la faculté d’avoir des sentiments humains, c’est juste qu’on ne lui a pas appris à les utiliser. Georges était aussi brut que le bois qu’il sculptait et il se retenait involontairement de se montrer, de s’avouer. Sa femme Charlotte ne l’entendit jamais dire qu’il l’aimait, comme elle ne l’entendit jamais dire qu’il ne l’aimait pas. Alors, le fils est la copie conforme de ses parents, surtout de son père, et un homme, ça ne pleure pas, même quand ça se coupe avec un rabot.
À vingt-quatre ans, Nicolas est un homme.
Finalement, Charlotte meurt, sans le dire, à l’approche de la cinquantaine, dans le même silence dans lequel elle vécut et Nicolas verse pour la première fois des larmes sincères. Est-il toujours un homme ? Oui, car le voilà orphelin.
En 1872, Lucienne, vingt ans, est fin prête pour la suite programmée de sa vie : fiançailles puis mariage, alors que Patrice de Mac Mahon va devenir le troisième président de la République française l’an suivant. Il n’y a plus qu’à organiser la descendance des Rabaud : c’est ainsi que Lucienne offre la vie à Adolphe le 16 juin 1874, alors qu’en France, il ne se passe rien ce jour-là.
– Mais qu’il est beau !
Que de compliments attendus : fichues habitudes où la sincérité n’est pas de mise.
Tous trois habitent la maison ancestrale des Rabot — pardon, des Rabaud —, une maison au toit non pas de chaume comme il est coutume dans la région, mais de tuiles, une maison de village qui servait plus de remise que de nid jusqu’à maintenant, une maison construite on ne sait plus quand ni par qui. Une cheminée rudimentaire vient d’être installée par Nicolas en remplacement de l’ancienne qui ne tirait plus. Le reliquat des chênes et des autres arbres moins nobles qui ne servent pas à faire des meubles font du feu : il n’y pas de perte ! L’eau est chaude en permanence et la crémaillère est résistante pour les lourdes gamelles de viandes et de légumes, même s’il n’y a que peu de viandes et trop de légumes qui baignent. La cuisine est à la fois salle à manger et chambre de la famille. Bébé Adolphe n’imagine pas avoir une chambre pour lui, car c’est… inimaginable ! Lucienne émet le souhait de voir son mari installer un bel escalier comme il sait en faire pour les autres pour accéder au grenier.
– Tu vois, si on avait un escalier pour aller au grenier ! On pourrait…
– Avec des si, on pourrait mettre Rouilly en bouteille ! T’as besoin d’aller au grenier, toi ?
– Non, mais pour plus tard ! On ne sait jamais !
– Alors, on verra plus tard, rabroue Nicolas qui repart dans son atelier à quelques pas de la maison puisque aujourd’hui n’est pas dimanche.
– Va où Papa ? esquisse Adolphe.
Et Lucienne raconte à nouveau de belles histoires à son jeune enfant pétillant pour faire passer sa vie plus doucement :
Chez la marchande des quatre bonheurs,
Rien que du beau, rien que des cœurs
Et des soleils en confettis,
Pour faire l’amour à nos envies.
Dans ses tiroirs, tant de caresses
Se donnent aux mains des sans-tendresse,
Comme des bouquets à emporter
À l’unité ou par poignées.
Là, en velours est déposée
De la douceur prête à rêver :
Qui cherche encore voit des poèmes,
Jamais offerts, plein de je t’aime.
C’est l’atelier des bâtisseurs
De sucreries et de quatre heures,
Le fournisseur des arcs-en-ciel
Et le refuge du Père Noël.
À sa vitrine, les lèvres collées,
S’arrêtent aussi les écoliers.
Ils y échangent leurs belles images
Contre un futur bleu sans nuages.
Ça sent le miel et le printemps,
Le croissant chaud et l’air du temps,
Quand on s’étale la couverture
Comme une tartine de confiture.
Tous les parfums sont dessinés :
Il faut colorier son préféré,
Et les musiques, en chant d’oiseau
Sont rangées là, près des pinceaux.
On y entre de jour comme de nuit
Chez la marchande des quatre bonheurs,
Parce que l’amour, ça n’a pas de prix,
Ça n’a pas d’heure !
Dans le village, un des hangars est transformé en bar-charbon-épicerie-primeur par un jeune Auvergnat, Louis Masson, qui n’a pas su trouver la route de Paris depuis Clermont-Ferrand ! Il devient rapidement Loulou et connaît tout son monde, qui est toutefois d’un nombre très réduit en ce trois quarts de dix-neuvième siècle. Nicolas participe de près à la création de ce bistrot en y construisant le comptoir. Tous les rabots de chez Peugeot frères — sauf celui de Lazare à la fleur de lys — s’en donnent à cœur joie pour transformer quelques troncs locaux en une œuvre qui deviendra d’art dans un siècle : rabot-mouchette, rabot-cogne, rabot à feuillure, rabot arrondi, rabot-navette, varlope et guillaume s’activent. Puis les scies et les ciseaux à bois, accompagnés par les vilebrequins et les chignoles, se mettent poliment en branle. Au final, on ne voit aucun joint, aucun clou, aucune vis : toutes les parties ne deviennent plus qu’une ! Nicolas construit aussi cinq tables et vingt chaises, ainsi que l’encadrement de la vitrine sans toutefois y poser les vitres, ce qu’un artisan habile de Granville fera plus tard. Tout ça, en à peine un mois ! Quand le bistrot qui défie l’église en face ouvre un dimanche matin, les habitants mâles du hameau trouvent enfin un intérêt à aller à la messe : Dieu les en remercie et Loulou offre sa première tournée. Sûrement pas la dernière…
– Pour notre ami Nicolas, qui fait des miracles à partir d’un bout de bois !
– Pour notre ami Loulou qui nous livre le charbon pour que l’hiver, il soit moins rude !
Et les verres claquent, et les joues aussi !
Nicolas est indispensable à Rouilly : tout le monde fait appel à lui, que ce soit pour les toitures, les portes des granges, les charrettes, les pétrins, les lits, les buffets, les armoires, les estrades, les selles à traire… Bref, pour tout ! L’abbé Fournier le prie d’aménager l’église Saint-Gaud, car les bancs sont dans un sale état, et il n’y en a plus assez pour la nouvelle population. Nicolas, en artiste et en artisan, réalise aussi une chaire solide ainsi qu’un autel qui vont faire sa renommée dans toute la région, voire plus loin : il y a en Angleterre les meubles de Thomas Chippendale ; il y a en Normandie ceux de Nicolas Rabaud. L’abbé lui a demandé de sculpter un Christ, le précédent ayant brûlé. Il a été heureux du résultat même si les ouailles ont longtemps pensé que ce Christ était un peu trop moderne. Comme si on pouvait être moderne en 1878 !
Nicolas est seul pour travailler : il a atteint un tel niveau d’habileté et de rapidité avec ses deux mains qu’on pourrait croire qu’il en a quatre ! Pourtant, il lui manque un doigt depuis un accident dans l’atelier de son père, et on n’a jamais su lequel. Cela l’a empêché d’être mobilisé pour la guerre franco-prussienne de 1870, car il aurait été dans l’incapacité de tirer avec un fusil Chassepot, d’une portée maximale de mille deux cents mètres et du nom de son inventeur Antoine Alphonse Chassepot, né en 1833 à Mutzig et mort à Gagny en 1905 : il a lu cela dans un des journaux qu’il utilise pour préparer son feu de cheminée.
Le temps d’Adolphe : 1878-1885
Adolphe regarde son père : c’est la meilleure méthode pour apprendre à devenir son successeur. Pourtant, il y a d’autres métiers — que l’on dira un jour d’autrefois — que menuisier en Normandie. D’abord, il y a la culture du pommier qui est effectuée en haute tige pour que les bovins puissent paître une herbe riche à l’abri d’un soleil néanmoins capricieux, et donc, il y a l’élevage des célébrissimes vaches normandes afin que leur lait donne ce beurre et cette crème légendaires. Adolphe a déjà tenté de manipuler des barattes verticales, mais sans succès : le lait n’a fait que cailler, et puis c’est tout ! Il s’est pris aussi une pomme pas assez mûre sur la tête et n’en a déduit rien d’important, sinon que plus ça tombe de haut, plus les bosses sont grosses ! La ferme, c’est éreintant ! Aussi, regarde-t-il de loin les labours, les semailles, le hersage, le roulage, la fenaison et les moissons. Sauf que pour ces dernières, il est obligé d’y participer malgré ses petites mains, avec les journaliers et les gens du village, y compris Loulou et toutes les femmes : c’est la tradition et on a besoin de tout le monde tant il y a du travail. En fin de journée, Adolphe a droit à un verre d’eau coupé de cidre, et non pas le contraire… Pour la rentrée des récoltes, il retourne se cacher ! Parfois, il part chasser avec son père, puisque c’est récemment autorisé si l’on a un permis, mais cela ne l’amuse pas du tout. Il est tout de même bien heureux de manger le gibier que Nicolas, moins maladroit que lui, a réussi à tirer. La pêche dans le Mesnil l’amuse un peu plus, mais il n’aime pas le poisson que fait bouillir sa mère avec des navets et des carottes. Non ! Vraiment pas bon !
– Tu sais, y en a des poissons en mer : t’as qu’à en choisir des qui te plaisent, avec des goûts différents !
– Même des poissons avec des goûts sucrés ?
– Peut-être ! Faudra que tu les cherches… loin ! Moi je ne n’y suis jamais allé, loin après la Manche, mais j’ai construit une fois un bateau pour les Cardelec, de Grandville ! Ils sont tous partis, le père, le grand-père, les trois fils et un voisin, pour pêcher la sardine. Y avait un chien aussi, je crois. Un beau bateau, c’était mon premier, mon seul. Vraiment beau !
– Et ils étaient bons comme pêcheurs, Papa ?
– Sais pas, ils sont jamais revenus !
– Ils sont de l’autre côté du monde, peut-être ?
– Sans doute… mais on les attend plus !
– Et Maman, elle est pêcheuse aussi ?
– Non, elle travaille à entretenir les filets et les lignes des pêcheurs. Faut les sécher, les rafistoler, les réparer. C’est comme de la broderie, mais en plus gros !
– C’est dur aussi ?
– Oui, mais moins que la menuiserie, qui est un vrai métier d’homme ! Les métiers de femmes, c’est pas pour les hommes.
Adolphe ne se sent pas devenir ni menuisier, ni pêcheur, ni chasseur. Que faire ?
– Fermier ? Je peux faire ça Papa ? J’aime les bêtes, tu sais !
– Oui, l’gamin, mais tu les aimes trop !
Si tuer le cochon est une grande fête chaque année pour le village et les estomacs, c’est aussi une grande peine pour Adolphe. Il se prend toujours trop d’affection avec tous les porcelets qu’il considère comme des camarades de jeux quand il va chez les Barenton ou chez les Martigny, près du Mesnil. Il ne s’aperçoit pas qu’on les engraisse avec toutes les épluchures de Rouilly avant de les égorger à peine un an plus tard, juste avant l’hiver. Quand arrive ce jour fatidique, on l’éloigne pour qu’il n’entende pas les hurlements à la vie à la mort des bestiaux innocents et trahis. Les premières années, le pauvre gamin s’est demandé où ils passaient tous, car quand il revenait le lendemain, il ne les trouvait plus.
– Reprends du boudin, Adolphe !
– Oui, Maman, c’est bon, c’est fait avec quoi ?
– Avec des pommes, gros bêta !
Nicolas, loin d’être fermier, possède quelques poules qui les fournissent en œufs frais et chauds toute l’année : les poules, c’est plus simple !
– Je veux être éleveur de poules !
– Faudra quand même leur tordre le cou un jour ou l’autre, tu sais mon garçon !
– Bon alors, je vais m’occuper des vaches ! Y en a des vaches ici ? On les mange pas au moins ?
– Les vaches, non ! Mais on boit leur lait !
– Ça leur fait mal ?
– Non ! Au contraire ! C’est juste que ça prend du temps, faut les traire tous les jours !
– Tous les jours ? Même le jeudi, le dimanche ?
– Tous les jours, c’est tous les jours !
– Sinon ?
– Sinon, elles explosent !
En calculant dans sa tête les yeux levés au ciel avec les petites bases scolaires qu’il possède, Adolphe trouve que le métier de son père est peut-être le moins fatigant de tous, car il se repose au moins un jour par semaine, celui du seigneur.
– Et c’est toi qui le coupes, le bois, Papa ?
– Non, ce sont les bûcherons, et plutôt loin d’ici…
– Ça veut dire quoi loin?
– Loin, comme de l’autre côté de la France, ou de la mer. Dans d’autres pays, quoi !
– Ah ! Là où y a les Cardelec ? Et tu y vas parfois, toi, en Bûchonnerie ?
– Non ! Et c’est un métier très difficile : faut couper les arbres, mais faut scier les troncs aussi, et puis les descendre des forêts vers les villages pour les tailler : moi, on me l’apporte déjà en planches.
– Comme des planches de jambon ?
– Non, comme des tranches ! Ensuite, je le travaille…
– C’est pas trop dur donc ?
– Si !
Lucienne interrompt le bavardage.
– Allez, retourne ton assiette, Adolphe, je t’ai fait de la compote de pommes pour le dessert.
En attendant cette évidence qui dit qu’il sera menuisier, Adolphe s’autorise à rêver d’une autre suite, car il est encore bien jeune… Seuls les jouets en bois l’intéressent, et sur son cheval à bascule, il galope sur les nuages vers d’autres futurs. Quand il a fini de s’inventer, il regarde les grands résumer chez Loulou le monde lu dans les journaux : on a enfin commencé à construire un tunnel sous la Manche. La Manche, Adolphe la connaît : elle est face à lui tous les jours ! Alors, un tunnel, ça serait formidable pour aller de l’autre côté à pied, parce les bateaux, si c’est son père qui les construit, cela risque de finir comme pour les Cardelec ! Il n’a pas envie non plus d’y aller en train : c’est tellement dangereux ! On lui a dit que l’an passé, à Gagny, près de Paris, un train en a démoli un autre en le percutant en gare, tuant d’un côté de superbes mérinos et de l’autre, des voyageurs endormis. Paraît que tout le village s’en souvient encore. Non, Adolphe n’aime pas le train et il interdira à tout son monde de le prendre, dès qu’il aura l’âge de donner des ordres ! Il entend aussi en 1879 La Marseillaise, devenue l’hymne de la France, grâce à Jules Grévy, le président de la République ! Il aurait préféré que ce fût la Rouillaise… Il voudrait bien en griffonner sur son cahier les prémices, mais il n’a encore que trop peu de vocabulaire pour finir ses phrases avec de jolies rimes. Quand le 14 juillet 1880, sur la place Saint-Gaud, on célèbre pour la première fois en France la fête nationale, Adolphe se réjouit. Il invite Camille, une petite voisine, à faire la farandole. Loulou sort sa musette qu’il ne maîtrise vraiment pas : heureusement que son public chante assez fort pour couvrir le presque hymne de la Normandie au relent de bourrée :
Quand tout renaît à l’espérance,
Et que l’hiver fuit loin de nous,
Sous le beau ciel de notre France,
Quand le soleil revient plus doux,
Quand la nature est reverdie,
Quand l’hirondelle est de retour,
J’aime à revoir ma Normandie !
C’est le pays qui m’a donné le jour.
– Mais Loulou, t’es pas d’ici, dit l’un.
– C’est comme si ! répond un autre.
Jules Ferry fait voter dès 1881 une série de lois rendant l’école gratuite, publique et laïque. Bonne nouvelle : elle n’est pas obligatoire, mais seule l’instruction l’est, et ce, de six à treize ans. Adolphe sait qu’il devra de toute façon travailler avec son père dès qu’il sera en âge et en taille de se tenir debout derrière un établi. Aussi, essaie-t-il de ne pas grandir trop vite : l’avenir tracé par son père Nicolas, avec ou sans compas, ne l’enchante pas vraiment.
– Adolphe, faut que tu manges ! L’est pas bonne ma soupe ? Tu vas rester tout petit, ça fait grandir la soupe ! Allez !
– Qu’est-ce qu’il a l’gamin ? Tu devrais le faire voir au docteur dans la semaine…
L’an qui suit, le cirque de Buffalo Bill frôle Rouilly sans s’y intéresser. Les rares gamins du village auraient bien aimé se glisser dans une des roulottes et faire le tour de l’Europe et des Amériques. Adolphe connaît un peu la géographie grâce aux livres que l’instituteur lui prête et qu’il ouvre discrètement le soir à la lueur de la flamme de la cheminée. Il s’applique à lire, écrire, compter, sans trop le montrer à son père :
– Ça n’sert à rien les livres. C’est les outils qui sont importants, t’entends l’gamin ?
Ces paroles sont les mêmes que Nicolas entendit de son père, et qu’il impose à son fils à présent. La tradition reste la tradition :
– Et tu diras pareil à ton gamin, hein l’gamin ?
Et donc un jour, Adolphe abandonne la communale avec regrets pour rejoindre son père dans son atelier. Il doit apprendre le métier de menuisier, même s’il n’a que dix ans : son père a appris son métier à ce même âge.
– T’as qu’à faire pareil que moi, c’est compris ? Tu regardes et c’est bon !
Adolphe regarde, mais ce n’est pas bon.
L’importante nouvelle pour Rouilly est qu’elle devient une commune à part entière et qu’elle doit être dirigée par un maire élu, c’est la loi municipale de 1884 : naturellement, Loulou est plébiscité.
– Loulou le Normand à la mairie ! Lou-Lou ! Lou-Lou !
– Mais il est normand le Loulou ?
Il remporte haut la main et le coude les élections puisqu’il est l’unique candidat. La commune de Rouilly sera obligée de construire un Hôtel de Ville, qui jouxtera le bistrot avec une porte presque secrète pour que Loulou passe de l’un à l’autre en un éclair. On en profitera pour installer deux salles de classe avec tout ce qu’il faut pour bien apprendre à être un homme, ou une femme…
– C’est ma tournée !
Et pour que Loulou ait plus d’administrés, Nicolas envisage de faire un second enfant, mais en vain après moult tentatives viriles. Il a beau insister quand Adolphe semble dormir, mais non…
– Pourtant, je me dépêche ! C’est bien comme ça qu’on fait ? Je comprends pas pourquoi ça marche pas, Lucienne ? C’est toi qui marches pas, oui ?
Peut-être que Lucienne ne veut pas d’enfant, mais comme son avis importe peu, elle agit inconsciemment pour que la semence de son mari ne trouve pas la bonne route. Parce que Lucienne est fanée, parce que Lucienne est refermée, parce que Lucienne est vide, Lucienne ne veut pas de ce futur… Elle s’ennuie de sa routine et du manque de fantaisie de cette vie trop dessinée : filer, coudre, réparer, tisser, rouler, ranger… et sentir le poisson. Nicolas est un homme brave plus qu’un brave homme, tellement occupé par son travail ! Il travaille, il dort, il travaille, il dort… Les voyages que Lucienne aurait aimé faire disparaissent à chaque marée avant même qu’elle ne puisse lui en parler, simplement parce qu’elle ne sait pas lui parler. Nicolas est trop occupé à raboter, à limer, à coller, à joindre… Malgré tout, il trouve le temps de construire un escalier quart tournant au milieu pour rejoindre le grenier, au cas où le destin lui donnerait un nouvel enfant.
Mais le destin…
En attendant que ça marche, Nicolas récupère un bâtard errant, un chiot, une femelle. Il la nomme Ganette, parce que ça sonne bien. Elle assure la garde de la famille, de la maison et des trois poules. Elle ne laisse entrer personne qui ne lui reviendrait pas, à tel point qu’on ne dit plus que l’on va à la maison des Rabaud, mais à la maison de la Ganette. Et elle en impose, la petite chienne ! Le maire Loulou Masson est obligé d’intervenir plus d’une fois pour demander à Nicolas de mieux la surveiller.
– Papa ? Et maire de Rouilly, c’est dur comme métier ?
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ou écoutez le tout début…
LE RABOT DE LOUIS
Un roman de Thierry BRAYER
452 pages – 15×21 – 20 €
Roman – Saga familiale en 1 seul tome
ISBN – 9782322019502
(existe en E-Book)
Se le procurer :
Le plus rapide | avec le No ISBN si non disponible : 978-2322040780 |
Que d’histoires ! voila une saga où l’on ne se perd pas dans les personnages et qu’il me semble avoir connus. Bravo thierry pour ce voyage dans le temps. Anaïs.
Merci. Il est vrai que j’ai beaucoup travaillé pour créer ces chapitres que je nomme « LES TEMPS » pour que l’on ne se mélange pas ! Il y a aussi l’arbre généalogique à la fin pour s’y retrouver.
Un bon moment de passé, même s’il faut prendre son temps car beaucoup d’informations historiques. J’aime beaucoup les citations à chaque chapitre.
Merci. J’aime aussi le temps, qui est mon obsession… alors j’ai cherché tout ce qui pouvait en parler. En ce qui concerne l’Histoire, c’est effectivement celle des faits divers que j’ai surtout retenue.
Oui, comme il est dit, beaucoup de réferences historiques qui m’ont permis de réviser. Une bonne histoire et je me suis attachée à certains personnages comme Cécile et Camille. J’ai cru y voir des gens que je connaissais aussi.
Merci. Je me suis inspiré de personnages réels, c’est pour ça !!!
Un roman riche en péripétie et qui nous permet de voyager dans l’histoire des faits divers. Parfois, je trouve que ça va même un peu vite mais sans doute que tout devait tenir dans un seul tome. Pour ma part, je n’aime pas les romans en plusieurs tomes et là ça me convient bien.
Merci. Oui, j’ai longtemps hésité à faire deux tomes, et puis, ça ne me plaisait pas. Pourtant, 452 pages et j’aurais aimé développer encore plus ! Pour le prochain ? 🙂
j’ai bien aimé. Juste pour signaler que vous parler d’Albert Rainer. Ce n’est pas Raisner plus tôt ?
Merci de votre commentaire. Oui, c’est bien RAISNER et non pas RAINER qu’il faut lire. Je savais qu’il y aurait une coquille et finalement, je suis assez content de voir qu’elle n’apparait pas avant la page 231 !!! Y en a-t-il d’autres ?
Une histoire, des histoires, l’Histoire tout court… j’aime beaucoup votre livre. Des faits divers qui s’enchainent, une galerie de personnages attachants ( ma préférée est la douce Camille qui danse…), une petite intrigue. C’est joliment écrit. Non, je me suis régalé. Merci monsieur Brayer.
Merci. Et moi aussi je me suis régalé à l’écrire, et j’ai bien pris mon temps !!!
Voilà j’ai terminé Le rabot de Louis de Thierry Brayer . Un véritable chef d’oeuvre. L’histoire se déroule sur plusieurs générations d’une même famille , en grande partie à Gagny » Les Rabaud » .Nous revivons les petits et grands moments de notre Histoire.C’est un livre très très bien écrit, très documenté, bien articulé. Quel talent !
Merci Thierry Brayer ! J’ai passé un superbe weekend avec vous!
ThB : voir ici >>> https://www.facebook.com/edith.baca/posts/10206164013363267
J’ai pris tellement de plaisir à écrire ce roman pendant ces dernières années que j’espère aujourd’hui en communiquer aux lecteurs ! Merci de votre commentaire-critique qui est pour moi une réelle récompense…
ça y est , lecture terminée !
J’ai beaucoup aimé la construction originale ( les citations ET illustrations sonores ) , l’écriture succulente et virevoltante ( ce sont des qualificatifs qui pourraient surprendre mais qui ME conviennent quant à MON ressenti )
Et j’ai retrouvé énormément d’anecdotes de « mon » passé : ma Bretagne profonde du XXeme siècle ( Bretagne / Normandie …/province ….kifkif ! ),la vie ( de ) que mon père ( il est de juillet 1930 ! ) nous raconte depuis 55 ans en long en large et en travers , y compris » le dormeur du val » ( pour la petite histoire ,nous avons près de chez mes parents un petit val qui mousse de lumière où coule 1 rivière , et , jusqu’à présent, j’y « vois » le dormeur au trou rouge !!!!!! ), tant de souvenirs de MA jeunesse ( même mon chien qui s’appelait Pilou !!! ) ,de faits divers dont je pensais être la seule à me souvenir !!!!! ( notamment « los alfalques »)
Donc, sans plagier , « merci pour ce moment » !
Le rêve d’un écrivain est de toucher ses lecteurs, et le retour que vous me faites me touche à mon tour : belle récompense !
Alors merci de votre commentaire qui va dans le sens où j’ai voulu aller sans savoir si j’y parviendrais !
Le rabot de Louis n’est pas un rabot ordinaire. Il est le nom et le destin d’une famille, bousculée par une actualité et des faits divers que nous avions oubliés (ou pas). C’est ainsi que, de génération en génération, les liens se tissent et se rompent sans pour autant se séparer. Entre poésie, rêves, tendresse, amours et humour surgissent les espoirs, les craintes, les chagrins, les colères, une humanité quotidienne faite de choix et de non-dits.
Je me suis laissée emporter par le tourbillon de ce roman, les questionnements qu’il suscite, et la sensibilité intuitive de l’auteur…
Je suis revenue de ce voyage ravie, émue et plus sûre que jamais que le hasard n’existe pas.
Moi aussi, je me suis laissé emporter par ces/mes histoires, au point que je n’ai aimé y mettre un point final. Merci de votre commentaire.
Cher Thierry (si je peux me permettre),
Les deux trois mots échangés avec vous au Salon du Livre le mois passé m avaient donné envie de lire ce Rabot de Louis. A peine terminé, je tiens à vous dire le plaisir immense que m a procuré la lecture de la saga de la famille Rabaud.
Merci pour ce moment 🙂
Qui est le plus touché finalement de nous deux ? Alors, heureux de vous avoir touchée, que puis-je demander de mieux ?
Le Rabot de Louis de Thierry Brayer est un roman facétieux et ambitieux, généreux et précieux ; un livre dont j’ai apprécié la solide charpente et l’humour distancié. L’auteur manie le plaisir d’écrire avec brio. On rit, on s’amuse, on s’émeut aussi, on est happé par la lecture. L’oeil court sur la phrase pour se réjouir de la suivante, se ferme après une mort trop tôt surgie, se rouvre sur une naissance pleine d’espérance. A partir de la saga familiale des Rabaud de 1768 à 2001 Thierry Brayer s’amuse avec la grande Histoire pour brosser le récit très romanesque de cette saga peu banale d’une famille banale. Il jongle avec ses moissons chez les brocanteurs, avec ses souvenirs musicaux (qui bien souvent rejoignent ceux du lecteur), avec les dates qui ont marqués les mémoires. Les paroles de chansons, les évocations de spectacles, les objets du quotidiens, les événements politiques et sportifs sont évoqués à l’occasion des épisodes de la saga des Rabaud. Des vies où il ne se passe rien, des vies de gens ordinaires, des vies où pourtant rien ne signifie pas rien : « C’est ainsi que Lucienne offre la vie à Adolphe le 16 juin 1874, alors qu’en France il ne se passe rien ce jour-là… » Quel est ce rien qui passe tout le long du livre ? N’est-ce pas le héros principal du livre ?
Lire la suite ici :
http://www.babelio.com/livres/Brayer-Le-Rabot-de-Louis/840209
Mince, je ne savais pas qu’il y avait tout cela dans cet ouvrage : je vais le relire !!! Merci…
Cette saga m’a captivée … pour connaître nos racines et la vie des petits villages … A offrir et à s’offrir !
Merci ! Si vous y avez reconnu un peu de vous, ce n’est pas un hasard, cette saga, c’est aussi un peu de notre histoire…
Longue vie au « Rabot de Louis » ! J’ai adoré cette saga !